Nouvelle note de lecture “Amiens 2030, le quotidien en projets”

Article publiée le 10 février 2015

Notre ouvrage Amiens 2030 vient d’avoir une nouvelle note de lecture attentive à nos travaux et méthodes dans la dernière livraison des Annales de la Recherche Urbaine (PUCA). L’ouvrage est aujourd’hui quasi épuisé (il reste une quinzaine d’exemplaires à vendre) – nous le mettrons en accès libre en téléchargement dans quelques mois.

Note parue dans le Numéro 109 écrite par Bertrand Vallet

Bazar Urbain/ Contrepoint/Chronos/ Zoom, 2013 Amiens 2030, le quotidien en projets, Bazar Urbain Éditions, 490 p.

Annales

La communauté d’agglomération d’Amiens a engagé en 2010 une réflexion pour la construction d’un projet métropolitain à l’horizon 2030. Elle a pour cela retenu plusieurs groupements pluridisciplinaires qui ont travaillé durant deux ans. Cet ouvrage rend compte du travail d’un de ces groupements de collectifs d’urbanistes (Bazar urbain – lauréat du palmarès des jeunes urbanistes en 2007 – Contrepoint, Chronos et Zoom) sous la direction de Nicolas Tixier, enseignant à l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble et chercheur au laboratoire Cresson. Il en ressort un bel (et optimiste) ouvrage de prospective urbanistique qui intéressera un lectorat bien plus large que celui des seuls acteurs locaux. De près de 500 pages, d’une composition graphique particulièrement travaillée et réussie, il est illusoire de vouloir rendre compte en quelques lignes de l’ensemble des analyses présentées au fil de l’ouvrage. En effet, y figurent une multitude de propositions concrètes, tant en ce qui concerne l’intensification des faubourgs, la déclinaison des différentes formes de jardinage, la création d’une « voie rapide pour modes doux », les propositions en matière de signalétique, d’espace public, de politique foncière, la création de « nouveaux hortillonnages »…

On retiendra la démarche et la posture de l’équipe, matière à inspirer un renouvellement des pratiques urbanistiques. La démarche tout d’abord : celle de s’appuyer sur les citadins pour construire des représentations partagées du territoire urbain. Ainsi, les auteurs se sont placés dans une posture « d’écoute active » – pour reprendre un terme emprunté à la psychologie – en organisant de nombreux ateliers, y compris avec les habitants des communes rurales, en installant des « tables longues » in situ, dans un supermarché ou sur le parvis de la maison de la culture, visant à discuter de propositions concrètes à partir de très grandes photographies aériennes. L’analyse gagne ainsi en précision, et « en chair » pourrait-on dire en comparaison avec les traditionnels diagnostics socio-urbains accumulant statistiques Insee, synthèses de divers documents administratifs (PLH, PLU…) et entretiens auprès des principaux décideurs. Les équipes ont également utilisé une diversité de media (reportages photographiques, nombreuses séquences vidéos disponibles en ligne…), complémentaires aux outils classiques du projet urbain (cartes, plans, maquettes…) et permettant d’aller « à la recherche des monuments du quotidien ». La posture adoptée ensuite : celle de s’intéresser au territoire tel qu’il existe, au-delà des traditionnelles oppositions ville/campagne, centre/périphérie, en incluant dans l’analyse les espaces agricoles, les villages ruraux, des infrastructures, les faubourgs… Et cela sans a priori normatifs, loin des débats et controverses se demandant si le périurbain constitue un espace défaillant, si la mixité sociale est une réponse adaptée et pertinente… D’autre part, les urbanistes proposent de s’appuyer sur les qualités intrinsèques de cette diversité d’espaces urbains : la démarche de construction métropolitaine proposée met l’accent sur les potentiels, et non sur les seuls handicaps comme c’est parfois le cas.

Voila donc, au fil de la lecture, l’exposition d’une démarche pragmatique qui s’éloigne des débats dogmatiques (quel « bon » modèle urbanistique de construction métropolitaine ?) ou des canons urbanistiques en vogue (construire un « axe structurant », densifier le pavillonnaire, « résidentialiser » les grands ensembles…) pour envisager des réponses concrètes adaptées aux enjeux locaux et issues de réflexions citadines, loin de tout Masterplan totalisant ou d’une quelconque démarche modélisatrice. On regrettera seulement l’absence de dimension réflexive sur le travail mené qui aurait permis au lecteur de comprendre l’implication de la Communauté d’agglomération dans ce travail et les relations entre le groupement d’urbanistes et l’autorité publique, au fil de ses deux ans de collaboration. Car, en la matière, l’essentiel reste à voir : la manière dont les maîtrises d’ouvrages vont prolonger ce travail…

Bertrand Vallet, Puca

 

Et cette note n’arrive pas seule, quelques semaines plus tard, une réactivation heureuse de nos propositions sur les Hortillonnages paraît sous la plume de Marc Lemonier dans la revue Diagonal, numéro 194, mars 2015, page 55.

 

L’édition papier de l’ouvrage est aujourd’hui épuisée.

On peut télécharger gratuitement le livre au format PDF (Moyenne résolution, 196 Mo) ici.