«À l’entour du cémitière»

Saint-Étienne, 2001-2002

* cimetière en parler local

Étude patrimoniale pour un aménagement sur la colline du Crêt-de-Roch

Histoire du projet

Ce projet est une étude sur la faisabilité d’un aménagement patrimonial autour du cimetière du Crêt-de-Roch (Saint-Étienne).

Fin 1998-début 1999, la Commission Patrimoine et Lien Social (PLS) de ce quartier a amorcé un débat sur l’intérêt de ré-ouvrir le tour du cimetière fermé depuis une dizaine d’années.

En 1999, dans le cadre des actions de valorisation du patrimoine stéphanois, l’unité Saint-Étienne, Ville d’Art et d’Histoire, a obtenu pour ce projet un co-financement du Fond Européen de Développement Régional (FEDER).

En 2000, l’idée a été reprise et budgétisée par les services municipaux qui l’ont inscrite au Grand Projet de Ville (GPV) à l’horizon 2003.

En avril 2001, la commission PLS a organisé une journée de rencontre et de débat sur ce projet avec des habitants, des associations, des techniciens et élus de la ville.

De juin à décembre 2001, le collectif BazarUrbain a été mandaté par l’unité municipale Saint-Étienne Ville d’Art et d’Histoire pour une étude visant à dégager les potentialités du tour du cimetière.

Contexte urbain

La colline du Crêt-de-Roch est la plus proche du centre de Saint-Étienne. Plusieurs des caractéristiques patrimoniales de la ville sont identifiées dans ce quartier : arrière des immeubles de négociants (rubaniers), immeubles-ateliers de passementiers, faubourgs des ouvriers et artisans de la mine et du fer, cimetière historique, jardins familiaux, nombreuses sociétés (boules lyonnaises, pétanque, billard…), etc. [Société : vieux terme français désignant une association dont l’objectif est la récréation de ses membres]

Sur ses flancs est et nord, la colline est entaillée par d’anciennes carrières de grès et de fer et isolée de sa périphérie par des infrastructures routières et ferroviaires.

Le sommet de la colline est occupé par le cimetière Saint-Claude, à forte valeur patrimoniale considéré comme le Père-Lachaise stéphanois. Son mur d’enceinte a longtemps marqué la limite communale entre Saint-Étienne et Outrefuran.

Objectifs

  • Étude de faisabilité d’un aménagement patrimonial ultérieur.
  • Qualifier la demande sociale – habitants et associations – sur les sujets suivants : anciennes pratiques, usages actuels, pouvoir d’évocation du site…Travailler au plus près du site et des habitants dans la plus grande transparence (explication du travail et des résultats intermédiaires).

Orientations

Trois orientations caractérisent notre conception du projet :

  • l’in situ, comme préalable au modèle négocié
  • l’in situ pour dégager les potentiels du cimetière
  • les thèmes comme outil de projection

Méthodes

Expérimenter le site

Il est très vite apparu nécessaire dans le cadre complexe et vivant de la colline du Crêt-de-Roch, de poser des bases communes pour faire travailler ensemble toutes les personnes concernées par cet endroit. La puissance d’évocation du site est telle qu’une façon naturelle pour l’aborder est d’aller à sa rencontre et de le parcourir, de le faire réciter par tout un chacun. Il a été proposé une adaptation de la méthode dite des parcours commentés ; il s’agit de faire parcourir un lieu qui sera décrit de façon sensible (selon ce que perçoivent les sens) et évocatrice (imaginaire du lieu, pratiques connues à d’autres moments…). Ces parcours sont enregistrés puis retranscrits et analysés.

Abécédaire

Un travail de retranscription des récits enregistrés sur dictaphone a été nécessaire pour commencer à dégager des éléments d’analyse. Le rendu de cette première analyse prend la forme d’un abécédaire non thématique. C’est souvent la qualification du site qui a été à l’origine de l’indexation des termes. Un système de renvois permet d’accéder aux sites, espaces et objets désignés. Il est le récit global dont nous étions jusqu’alors seuls dépositaires et que nous transmettons à tous. L’abécédaire, par son côté ludique, peut être lu seul pour mieux comprendre le site, mais il est aussi une étape de l’analyse.

Fiches thématiques

Cinq thèmes de travail ont été identifiés suite aux parcours et à l’abécédaire. Ils expriment des éléments du contexte et synthétisent des idées à débattre. Ils ont été liés à des problématiques urbaines actuelles pour permettre d’avancer dans la discussion. Ces thèmes problématisent les potentiels du tour du cimetière, offrant ainsi des éléments d’ancrage pour tout projet ultérieur. Ce ne sont pas des solutions directement opérationnelles, mais des éléments de débat où l’ensemble des acteurs pourra s’engager grâce à la connaissance commune des enjeux et grâce à une expérience sensible commune : avoir pratiqué et commenté au moins une fois le tour du cimetière. Tout projet ultérieur devra se positionner sur ces éléments, au risque d’une intervention hors contexte.

Quelques principes pour la suite

  • l’expérience sensible pourrait être donnée comme condition sine qua non de discussion entre les différents partenaires du projet, être le plus petit dénominateur commun pour discuter des enjeux du lieu ;
  • les axes thématiques de réflexion pourraient être une grille d’analyse problématique à enrichir lors de différents moments de dialogues dans un sens de conciliation plutôt que d’opposition : base de discussions avec les habitants, riverains et usagers, base de discussions entre élus et techniciens, base d’intentions pour la rédaction du programme et grille d’évaluation pour décider d’une intervention ou d’une non-intervention ;
  • les problématiques sont issues d’une analyse des alentours du cimetière. L’enjeu des thèmes devrait être complété si l’échelle de travail changeait ;
  • à très court terme de petites interventions sont possibles : faire visiter aux personnes qui continuent de le demander, nommer le passage, réaliser des expositions sur le parcours en collaboration avec les riverains et des personnalités extérieures, alimenter les Cartons de la PLS (aux Ateliers de la rue Raisin), mettre l’étude sur internet pour continuer à débattre et travailler avec le service urbanisme et la maîtrise d’œuvre urbaine et sociale (MOUS).

Des objectifs pour continuer

Les analyses successives peuvent être résumées sous la forme de trois objectifs. Les mettre au centre du travail à venir c’est donner au site la possibilité de réaliser ses potentiels :

  • identifier le site en le nommant ;
  • légitimer le site par la reconnaissance de ses pratiques (passées et actuelles) et de ses ambiances, par la clarification de ses limites et de ses statuts et par la construction de ses usages futurs sur les bases suivantes : inventivité (visites guidées, expo…) et régulation (entre les acteurs, gestion concertée…) ;
  • accéder au site depuis le quartier, les autres quartiers limitrophes et la ville.

Toute suite au projet devrait préserver la complexité du lieu, le ménager plutôt que le manager, rechercher un équilibre entre une intervention construite, sensible et sociale.

Remerciements

Nous tenons particulièrement à remercier : les habitants du quartier du Crêt-de-Roch, les parcourants, l’association des jardins familiaux du Nord-Est, les jardiniers, les techniciens de la municipalité, la Maison du Crêt-de-Roch, les Ateliers de la Rue Raisin, la commission PLS et les financeurs (Ville de Saint-Étienne Unité Ville d’Art et d’Histoire, DRAC et FEDER).

Diffusion

Le rapport complet de cette étude est consultable à l’Unité Ville d’Art et d’Histoire au 6 rue Francis Garnier (Saint-Étienne 04 77 48 76 12). Les associations du Crêt de Roch peuvent en demander un exemplaire.

L’ensemble est téléchargeable ici : http://cretderoch.pagesperso-orange.fr

Action sous la responsabilité de : Marie-Christine Couic et de Jean-Michel Roux avec Catherine Aventin, Suzel Balez, Nicolas Tixier et les contributions de Ségolène Cognat et Nicolas Castellan.

Parcours collectif - Cimetière du Crêt-de-Roch, Saint-Étienne

Parcours collectif – Cimetière du Crêt-de-Roch, Saint-Étienne